Laurent Jimenez Balaguer Huile sur toile. Signée au dos et datée 1959. Format 46 x 55 cm. Laurent Jiménez-Balaguer est un peintre espagnol, né le 14 janvier 1928, à LHospitalet de Llobregat Barcelone. Il sinstalle et vit à Paris. Il est un des principaux initiateurs dun langage privé. En peinture et appartient à l Expressionnisme abstrait. Catalan et à l Art informel. Européen, courants qui se caractérisent par leur revendication humaniste. José María Moreno Galván en 1960, le considérait comme faisant partie des vingt peintres les plus représentatifs de lExpressionnisme abstrait espagnol. Son uvre adopte lidée que la création. Est un acte performatif. À partir de la théorie austinienne des actes de langage. Et de sa pratique de plasticien. Sa conception de lart et de la société linscrivent dans un procès de révolution silencieuse où il appartient au sujet. De lutter contre la mort et la disparition de la subjectivité. Pour lui il y a deux réalités impératives : Le corps et la mémoire et Lextérieur et lintérieur. En opposition au Surréalisme, qui est léloge de la non réalité, Jiménez-Balaguer préfère lexpression de Réalité Autre. Il peint dans ses premiers tableaux des figures humaines, souvent androgynes, où lexpression des visages ne transcrit aucun sentiment connu. Elles rappellent linfluence ressentie du Greco. « Ses personnages ont lair de flammes, je trouvais cela dune beauté extraordinaire. Leur corps physique devenait corps spirituel, le corps extérieur et lintérieur du corps se confondaient. Pour moi Le Greco cest viscéral. Sa matière nest pas fixe. Elle na pas de contours. Et son geste sépanouit, séchappe, va vers linfini, vers le haut, en quête de Dieu. Il abandonne la figuration et lidée dune description extérieure du monde pour se focaliser sur le problème du rendre visible linvisible. « Le plus grand art est de transformer le chaos et le sentiment tragique du monde en conscience de soi. Et de permettre aux hommes de croire quils possèdent leur destin. Il participe activement à la reconnaissance dune identité antifranquiste et apprend sa langue maternelle, le Espagnol, alors interdit dans lEspagne franquiste. Il fréquente les cours de la escuela de la Lonja. Et ceux de Fomento de Artes Decorativas et poursuit ses études à lécole des Beaux-Arts de Barcelone. Ce sont des années dexpérimentation à la recherche de lexpression de lhomme total, concept qui retrouve son intuition dune psychologie des profondeurs. Quil faut porter à la surface. Cest ainsi quil peint en plein air, dans les montagnes de Montserrat. Avec son ami Josep Guinovart. Pour libérer son geste de toute convention arbitraire et trouver le point dassise dun savoir unique, à partir duquel la connaissance de l intériorité. Il obtient plusieurs prix et bénéficie dune bourse pour poursuivre ses études à la capitale Madrid. La jeune peinture espagnole recherche ses marques, ses caractéristiques identitaires et son envergure et soppose à lart officiel qui vise une légitimation internationale du régime franquiste. Les avant-gardes espagnols se meuvent autour de quelques voix singulières qui se font entendre pour la revendication dun art nouveau, principalement Joan Miró. Il connaît Cesáreo Rodríguez-Aguilera. Et sa femme Mercedes de Prat qui deviennent des grands amis à vie. Premiers pas vers labstraction. De retour à Barcelone en 1954, il publie un manifeste : He escuchado où il définit sa prétention, « to claim » au sens de Stanley Cavell. Claim : est ce qui fait une voix lorsquelle ne se fonde que sur elle-même pour établir un assentiment universel. Il expose dans le cadre du Cicle Experimental dArt Nou que dirigent Josep Maria de Sucre i de Grau. Et le critique dart Àngel Marsà, et ses toiles alimentent le courant de la nouvelle figuration. Josep Maria de Sucre i de Grau dit de lui : Un des meilleurs tempéraments artistiques surgi chez nous. En 1956 : Il crée une série de formes abstraites sur fond blanc où ce nest plus le sentiment hermétique dune intériorité cachée qui est célébrée mais le mouvement de linexpressivité du soi qui prend vie en se libérant de son silence. Si je peins, jexécute un acte qui se voudrait un projet idéal. Je souhaite faire basculer lart dans son ailleurs, vers un art dactes et non deffets. En moi, il ny a pas dimages abstraites, il ny que des fragments dune réalité. Ces peintures montrent des projections de luttes dynamiques, tiraillées déléments informels contradictoires, quil peint dans une texture subjective unificatrice. Il trouve à la Galerie Clan à Madrid des aides précieuses comme Manolo Millares. Du groupe El Paso et César Manrique. Ce dernier deviendra un grand ami et linvitera à communiquer davantage avec lui. Ce cycle de trouvailles et une meilleure compréhension du problème de lexpressivité et de linconnaissabilité de l âme. Humaine, lobligent désormais à prendre distance avec la dichotomie matière/esprit utilisée jusquici pour désigner les nouveaux courants expressionnistes, pour se situer au contraire comme un peintre de la Matière de lEsprit. Dans cette élaboration, il retrouve les grandes intuitions de Merleau-Ponty. Et sa défense du corps comme sujet et, celles de Wittgenstein. Le corps humain est la meilleure image de lâme humaine. Il rencontre le critique dart et écrivain Juan Eduardo Cirlot. Qui linclut dans le mouvement de lInformalisme. Aux Salons de Mai Européens de 1957. Tous les jeunes avant-gardistes dont Antoni Tàpies. Et lui-même y représentent leurs uvres. Tous sont en réaction contre un monde doppression et dexclusion. Leur Informalisme est une protestation contre une société normative et ses biopouvoirs. « Il y a en moi ce cri sourdement souterrain… Il y a en moi ce désir de dire picturalement, dans une langue humaine, ma révolte contre toutes les barrières, contre toutes les frontières, contre toutes les restrictions… De clamer la puissance de vivre, en brisant les conventions, en devenant enfin soi… Pure force pulsive libératrice contre linjustice du monde. Sa recherche se tourne exclusivement vers lunité de la connaissance. Sa recherche dexpression totale de lâme humaine prend un nouveau tournant en 1959 et le mène à la création de formes qui semblent reconnaissables pour toute personne qui les verrait. Ces nouvelles abstractions expressives ne sont ni extérieures ni intérieures et sont plaquées sur un fond cosmique infini. « En lui il y a une angoisse métaphysique et difficulté dêtre il est un cri de révolte jailli du plus profond de langoisse humaine. Cette série ouvre un cycle de formes anthropomorphiques de lintime, figures suspendues qui ont toutes pour caractéristique de montrer la possibilité même de léquilibre. La possibilité même de léquilibre pour un sujet devient la forme de lexpression et lexpression du sujet. Ces uvres décrivent toutes dans un langage sobre dune grande puissance picturale laffirmation de ce qui se fait. Le procès même d individuation. Et de substantification qui fait quune subjectivité prend corps. Le style de cette époque montre la recherche dun contrôle et dune maîtrise qui sera une des caractéristiques de Jiménez-Balaguer tout le long de son itinéraire. Il ny a pas de grattage, denlaidissement, de destruction projetée, de violence exercée contre la matière picturale, comme chez dautres informalistes, car la matière cest lhomme. Toute action produite est donc au contraire recadrée, resituée, faisant exploser le cadre géométrique du tableau. « La critique a parlé de méta-matérialisme, de sculpto-peinture pour définir luvre de Jiménez-Balaguer ce qui est évident cest que luvre en expansion dynamique de Jiménez-Balaguer a brisé les limites du cadre traditionnel rectangulaire du tableau et quelle saffirme comme une autre réalité. Si la matière picturale, est clouée, transpercée, ouverte, déchirée cest parce que la subjectivité, lintériorité humaine est maltraitée. Le tableau, sinsurge contre cet état des temps, et est non seulement le lieu de la révolte, mais un lieu de reformulation du réel. Lesthétique de Jiménez-Balaguer montre dès ses débuts un respect de la fragilité de lâme, de la vulnérabilité. En réaction aux événements destructeurs et se construit comme une critique de la société contemporaine qui produit ces effets. « à partir de mes racines je voulais essaimer plus largement dans lunivers. Lenracinement est une limite de lêtre humain. Dans cette recherche dun décadrage/recadrage de la souffrance humaine, et dune parole libre, il part à Paris en 1957 avec Maria Teresa Andreu (Mery). Ils vont avoir quatre enfants, Christian, Virginie, Valérie, et Eric. En 1959, il se lie damitié avec le grand joaillier parisien Jean Vendome. Et tous deux cherchent plus ardemment encore portés par leurs conversations à réconcilier humanisme et abstraction. En 1961 : il est présenté à Antoni Clavé. Et à Stephen Spender. Qui préface lexposition de la Galerie Saint-Germain. Cest alors, pendant une vingtaine dannées, quil va mettre en place un langage de signes qui est à même de communiquer le langage privé de lintériorité dans une démarche rigoureuse. Cest une période dintenses bouleversements où les uvres produites construisent les premières affirmations sur un monde intérieur qui ne peut quêtre extérieur. Il sagit dune déconstruction. Picturale de lidée quun langage privé ne peut être compris par un autre que soi. Pour Jiménez-Balaguer au contraire, tout langage intérieur a pour destin dêtre universel. « Ce combat sans pitié que je mène dans mon corps profond, quil faut que je brise sans arrêt pour naître enfin, est celui qui provoque le passage du personnel au collectif… Du moi aux autres, de lindividuel à luniversel. En 1986, il contacte Michel Tapié. Créateur du concept de Art Autre qui lui présente Rodolphe Stadler. À partir de 1988 : Jiménez-Balaguer introduit des objets du monde pour dire le monde et utilise leur signification pour dire lintériorité. Le tableau devient une pure énonciation à laide de troncs, cordes, tissus. Quand le langage pictural touche à ses limites, les cordes sont les outils dun nouveau langage avec ses propres signes didentité. Joignant les cordes morceau par morceau, je trace le chemin pour une continuité ; elles relient ma mémoire intérieure dhomme à un tout dunivers. Construction dun langage privé universel. Il rencontre à Paris, Pierre Restany. Qui senthousiasme pour son travail. À la Galerie Calart Actual, à Genève, Luis Callejo lui présente Joan Hernández Pijuan. En 1990, un lexique du monde est mis en place et une écriture de signifiants. Chaque tableau devient le lieu de visualisation de ce qui constitue un langage universel de lintériorité. Leur beauté, est dans une énonciation picturale à mi-chemin entre laffirmation et la question. Chaque affirmation picturale affirme et interroge la nécessité de ses constituants. Linterrogation porte sur la mémoire. La conception du temps. Objets du réel permettant de dire lintérieur. Les Cordes : symbolisent les liens qui relient lintériorité invisible de lhomme à un tout universel, elles relient, linvisible à la réalité visible. La corde est une matière emblématique de ce chemin que porte lartiste au territoire de lArt Autre de lInformalisme. Les Troncs Bleus : lart est pour Jiménez-Balaguer un moyen pour aller au-delà de la mort. Les troncs bleus sont les symboles de ce cheminement de lâme, et de son accomplissement donné dans lunité réalisée delle-même. Les Nuds : sont les traces dautorisation noétique de la construction des âmes. « Allò sagrat de Jiménez-Balaguer », Museu de Montserrat, Catalogne, Espagne. « La memòria de la matèria », Museu de l’Hospitalet l’Harmonia, Espai d’art, Hospitalet, Catalogne, Espagne. Amb Laurent Jiménez-Balaguer, Espai Guinovart, Agramunt, Catalogne, Espagne. Musée Can Framis, Fundació Vila Casas, Barcelone, Catalogne, Espagne. « El Cos duna memòria », Galerie Art Vall, Andorre. « Le Nud », Galerie Saint Cyr, Rouen, France. « Cuerpo de una memòria », Galerie Calart Actual, Ségovie, Espagne. « L’au-delà du miroir », Galerie Guislain-États d’Art, Paris, France. « Uvres de 1960 à 1962″ et « Souvenirs enfouis », Rétrospective, Galerie Guislain-États d’Art, Paris, France. « Traces d’une mémoire », Centre d’Études Catalanes, Paris, France. « Exposition », Galerie Guislain-États d’Art, Paris, France. 2000 ans de quoi? , Galerie Lina Davidov, Paris, France. « Dedans/Dehors », La Corderie Royale. MPT Courdimanche, Les Ulis, France. « Images d’une mémoire », Les Cordeliers, Châteauroux, France. Galerie Lina Davidov, Paris, France. Galerie Finartis, Zoug, Suisse. Galerie Calart, Genève, Suisse. Galerie Rami, Zurich, Suisse. Galerie Adriana Schmidt, Cologne, Allemagne. Galerie Adriana Schmidt, Stuttgart, Allemagne. Centre d’Art Contemporain, Corbeil-Essonnes, France. Galerie Claude Samuel, Paris, France. « Réalité autre », Galerie Claude Samuel, Paris, France. Paris Art Center, Paris, France. Grand Orient de France, Paris, France. International Arts Gallery, Chicago, États-Unis. Galerie Vienner, Paris, France. Musée Napoléonien, Antibes-Golfe-Juan, France. Réalisation de huit grandes créations murales pour le Centre Hospitalier de Creil, Creil, France. Dayton’s Gallery 12, Minneapolis, États-Unis. Joachim Gallery, Chicago, États-Unis. Galerie Saint-Germain, Paris, France. Savage Gallery, Londres, Grande-Bretagne. Galerie Toulouse, Copenhague, Danemark. De Chaudun, Paris, France. Galerie Mistral, Bruxelles, Belgique. Centre Culturel et Artistique d’Uccle, Bruxelles, Belgique. Club Universitari de València, Valence, Espagne. Galeria d’Art Jaimes, Barcelone, Espagne. Galeria Clan, Madrid, Espagne. Galerie d’Art Quint, Palma de Majorque, Îles Baléares. « Ciclo Experimental dArt Nou », Galeries Jardin, Barcelone, Espagne. Casino de Ripoll, Ripoll, Espagne. Galeries Laietanes, Barcelone, Espagne. Galerie Sur, Santander, Espagne. Musée de lHospitalet, Espagne. Musée dArt Contemporain de Barcelone, Espagne. Fons d’Art de la Generalitat de Catalunya. Musée de Céramique de Manises, Espagne. Artecovi, Fundación, Madrid, Espagne. Musée de Chateauroux, France. Musée municipal de Bourg-en-Bresse. Musée dArt et Histoire, Rochefort, France. Centre d’art sacré contemporain de Lille. Roberta Bosco, « Recuperación de un olvidado ». Montse Frisach, « Rescatat de loblit ». Natalia Farré, « Jiménez-Balaguer 55 años después », El Periodico. Toni Mata i Riu, « Força sìgnica », Regio 7, Barcelone, 2012. Albert Mercadé, « Lemergència del signe », Escrits Arts, Barcelone, Espagne, 2012. « El retorn del nostre Jiménez-Balaguer », Fundació Vila Casas, Barcelone, 2012. 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- Période: XXème et contemporain
- Type: Huile sur toile et technique mixte
- Caractéristiques: Signé
- Genre: Art brut, Outsider art
- Thème: Personnage