JEAN CUILLERAT (1927/1998) Huile sur papier 38 x 46 cm marouflée sur toile signée en bas à droite. Trace de rayure dans le verni dans la partie gauche du tableau. Jean Cuillerat, un peintre de l’étrange, une esthétique parallèle par Annie Cuillerat Jean Cuillerat s’inscrit dans la mouvance de la nouvelle Ecole de Paris, rallié au mouvement de l’abstraction lyrique et poétique, il a développé une expression personnelle en quête permanente de recherche spirituelle et transcendantale qu’il puisait inlassablement aux sources de la création de l’univers, des religions, de la philosophie, du symbolisme et de l’art. J’ai connu Jean Cuillerat dans les années soixante. Il m’a toujours fasciné par son regard d’un bleu profond qui allait explorer les dessous de la réalité avec une acuité extraordinaire. Homme de grande générosité et de questionnement sur la nature du monde, Jean Cuillerat nous a laissé une oeuvre encore largement méconnue. Je suis heureux de présenter ici une esquisse de son oeuvre par sa soeur Annie Cuillerat (René Bar’bier) Jean Raymond Cuillerat est né le 8 décembre 1927 à Paris dans le 14ème. Il est issu d’une famille de cultivateurs durs au labeur et peu enclins à savourer les plaisirs de la vie. Il est le deuxième de huit enfants. Il grandit à « La Grande Folie » lieu-dit situé près de la Nationale 20 à Saint-Germain-lès-Arpajon dans l’ancienne Seine et Oise. Il fait des études primaires médiocres. Il aide ses parents aux diverses tâches de la petite exploitation de culture maraîchère que cultive son père. Le quotidien d’une famille si nombreuse est très difficile à gérer à cette époque. Les questions existentielles ne sont pas à l’ordre du jour. Leurs préoccupations spirituelles sont très éloignées des attentes de ce fils à la fibre artistique. Leurs propos sont dictés par la nécessité du moment : nourrir leurs enfants. Jean Cuillerat est un rêveur et pour s’évader il prend l’un des nombreux chemins de traverses que l’être humain emprunte pour se protéger de la dureté de la vie : la création. Il s’initie auprès d’un passionné d’art, propriétaire du restaurant « l’Escargot » place de l’église à Arpajon, au dessin au fusain et à la plume. A partir de ce moment le dessin et la peinture occupent tous ses loisirs. Son existence est tiraillée entre son environnement familial foncièrement matérialiste et son désir de création. En 1942 il fait ses propres choix, quitte le foyer et sillonne les routes de l’Ile-de-France où il fait fructifier son talent de portraitiste. Il revient temporairement chez ses parents à la fin de la guerre pour travailler, notamment à la propriété de la Comtesse de Lavaurs au château de Chanteloup qui jouxte la propriété de ses parents. Il est victime d’un accident du travail le 21 novembre 1944. Sa main droite est prise entre la poulie et la courroie de la moissonneuse-batteuse, lui broyant partiellement les doigts. Il est amputé de l’index, partiellement du médius et soigné à l’annulaire. C’est un coup dur pour son projet de création mais peu à peu il se remet à peindre et dessiner malgré ses doigts manquants. Il retourne à Paris en 1946. Nous n’avons que peu de renseignements significatifs et de traces de ses créations entre 1946 et 1948 puisqu’il a coupé les ponts avec sa famille. Il subsiste quelques tableaux et dessins, témoignant de ses débuts dans l’art pictural où il commence une quête qui ne cessera jamais, celle de l’expression d’une spiritualité transcendante. Ses créations sont figuratives puis un impressionnisme point, marqué par une touche grasse et épaisse qui donne une grande douceur au tracé personnel de ses créations. Nous retrouvons toutefois la trace de Jean Cuillerat en tant qu’artiste dans la capitale ou il expose pour la première fois en 1949 à la Galerie Raja puis l’année suivante à la Galerie Cimaise. Toutefois l’homme se cherche. Juste après avoir fait la connaissance de sa future femme, Michelle en 1951, il part pour Bangui en République centrafricaine avec Marcel son frère aîné. A son retour il s’essaie à la sculpture. Mais il n’est que très rarement satisfait de ses productions et les détruits à peine achevées. Jean Cuillerat aime Paris où il a presque toujours vécu hormis une partie de sa jeunesse. Il croque les quartiers et rues typiques de la capitale ainsi que des scènes de genre. Il peint également des paysages comme ceux de Barbizon près de Fontainebleau à l’instar de Théodore Rousseau qui s’y installe en 1835 suivi par bien d’autres qui firent école. Toutes les créations de Jean Cuillerat à cette période sont figuratives et ce, pendant plusieurs années. Sa production est fructueuse et les ventes sont faciles car elles correspondent au goût du public d’après guerre. Il continue son évolution personnelle axée sur une recherche intellectuelle et spirituelle qui le pousse à atteindre son but, exprimer la « réalité ultime » sans s’enfermer dans un concept, ni un style prédéfini par l’attente des acheteurs, observateurs et critiques d’art de cette époque. Jean Cuillerat est un autodidacte qui a le désir de mieux comprendre l’Art et les artistes et reprend le cursus classique en faisant l’Ecole du Louvre pendant cinq ans de 1955 à 1960. Il s’initie aux courants les plus caractéristiques de la pensée et de l’Art. Ses centres d’intérêts sont très éclectiques. La condition sine qua non : que sa recherche ait du sens. Cette quête constante vers le chemin du sens de la vie c’est la création. Il cherche l’origine de toutes choses, pour accéder à la naissance de l’univers et du divin, qui lui permette l’aboutissement par la libération d’une inspiration qui exprime sa sensibilité. Cet incessant besoin de sens nourrit constamment ses oeuvres. Comment renoncer à la culture acquise et être dans l’originalité? Comment produire avec cette résurgence une expression artistique? L’aridité de l’existence douloureuse contraint-elle à cet arrachement au monde réel? Cet enracinement dans la création peut permettre de reprendre vie, lambeau de vie, indolore, prit orgueilleusement pour un supplément d’âme hors de la réalité objective Et dans cet univers sensible, où l’inscription des caractéristiques profondes et des particularités gravées, il y a la mise au monde d’une autre connaissance du « beau », qui tend vers « une notion compréhensible de l’incompréhensible du monde ». Jean Cuillerat pense qu’il fallait beaucoup se chercher pour se trouver et pour percevoir où ces caractéristiques premières ont leur source. Il : cherche sans relâche par l’étude spirituelle à chaque fois qu’un signe l’interpelle. Sa réflexion est proche de celle de Nicolas Berdiaev pour qui la création relève de l’insatisfaction éprouvée face à un monde inacceptable Dans ce cas, l’acte créateur est eschatologique, comme une transmutation du monde, un cheminement vers une vie nouvelle. Il puise sa légitimité et sa force au-delà des règles et des normes L’acte créateur transcende et permet une ouverture vers l’infini et l’indéfini Une spiritualité laïque? Jean Cuillerat, agnostique, ne croit pas à un dieu déterminé. Il recherche inlassablement l’essence et le sens divin. Mystique oui, religieux non. Il a une grande attirance pour une autre puissance celle de l’intelligence qui induit une meilleure connaissance de l’humain et du divin. Et cette recherche mystique et intellectuelle il l’a poursuivie chez les francs-maçons par une approche mystique laïque. Les signes et rites religieux des chrétiens sont pour lui trop lourds d’une religiosité programmée et réglementée. Par contre, il adhère totalement aux rites de la franc-maçonnerie, où la spiritualité personnelle est mise en exergue, entremêlant solidarité et humanisme. L’idée de faire progresser la société des hommes provoque en lui une émulation. Parmi ses frères, il acquière une connaissance progressiste qui le situe dans la société. La lumière éclairant le monde est une notion chère à cet ordre : les frères la reçoivent au cours de leur initiation. L’absolue liberté de conscience et la dignité humaine, qui est défendue dans la franc-maçonnerie, lui convient tout à fait puisque Jean Cuillerat est un libre penseur, là il peut évoluer sans se sentir enfermé. Il aime à dire « J’étais une pierre brute que les francs-maçons ont poli ». Cette aide spirituelle repousse ses lacunes, son manque d’instruction et ses attentes se trouvent comblées par les recherches qu’il poursuit entouré par les frères de la franc-maçonnerie. C’est plus que de l’intellectualisme qu’il reçoit là, c’est une éducation, une façon d’être, de s’exprimer, de s’apprécier qu’il trouve parmi ceux qui le reconnaissaient comme frère. Cette famille choisie lui permet de parfaire ses connaissances ; l’idée de participer à l’extension de l’intelligence collective que chaque frère doit répandre dans la société le captive. Cette démarche est très proche du programme du Bauhaus de 1919 C’est l’uvre issue des loges de bâtisseurs, uvre collective, surgie d’un idéal commun, dans une communauté de travail. Il trouve cette liberté d’esprit et cet idéal communautaire dans le cadre de la loge « Art et Science » où il fut initié le 11 avril 1967. Il contribua à une « spiritualité active » par l’illustration du bulletin d’information des 2 cygnes. Il étudie les symboles, qui sont pour les francs maçons les outils de construction du temple de l’humanité comme maillons d’une même chaîne entre les humains et les morts, que Jean Cuillerat utilise pour produire ses créations qui symbolisent ces liens. L’homme créateur L’on peut penser que plus connu, Jean Cuillerat ne se serait peut-être pas centré suffisamment sur lui-même pour mener ses uvres jusqu’à cette maturité. De ne pas se disperser lui permet de puiser aux sources de ses racines. La célébrité qu’il n’aurait pas méprisée, l’aurait peut-être détourné de sa voie initiale. Ce qui le caractérise c’est une vie intérieure intense. Il est avare de mots, le langage est un héritage, et de ses racines familiales il garde la sobriété de la parole vraie. Il a toujours besoin d’un écrin, et le milieu familial était son cocon, dans lequel il développe ses dons entre son épouse Michèle et son fils Régis. Jean Cuillerat est un cérébral, doué d’une grande imagination, il marche tous les jours pour réfléchir car il a besoin de la nature pour trouver l’inspiration. Comme Paris n’est pas l’idéal pour satisfaire ce besoin, il retrouve les grands espaces de son héritage familial sur le green lors de ses échanges avec ses amis golfeurs. C’est un être très secret. Il parle essentiellement de son évolution spirituelle et intellectuelle avec les frères de sa loge. Jean Cuillerat se réjouit quand ses toiles vont « habiter » chez un amateur d’art. Mais les démarches commerciales des expositions l’indisposent il est plus proche du grand timide que du baratineur! Pas d’explications savantes ou fumeuses ni de périphrases sur ses créations artistiques. Il refuse le plus souvent de vendre ses tableaux à des amis très proches, cela le met mal à l’aise. Ses toiles sont donc vendues le plus souvent par des tiers. Ses uvres intègrent ses racines manquantes. Il pense pourtant s’en être départi, avoir trouvé son identité, sorti du contexte familial trop communautaire en rejoignant cette autre communauté qu’est la franc maçonnerie. Et tout en reléguant et refoulant son histoire de racines tronquées il part à la recherche d’autres racines celles de l’Art et des origines humaines. Il en résulte une passion immodérée pour les grottes préhistoriques dont celles de la vallée de la Vèzère où l’origine du monde de l’art rejoint celle de l’univers des hommes c’est toujours une histoire de racines. Jean Cuillerat mystique Si tous les mouvements picturaux ont été des apports singuliers dans la construction de son style il y eut d’autres sources d’inspiration. En effet, après avoir découvert Nicolaï Hartmann et Max Scheler , c’est vers le mysticisme qu’il s’oriente. Après cette recherche mystique il englobe tout à la fois une attitude philosophique et métaphysique assez proche d’Hartmann. Il est en quête constante de tout ce qui s’approche du mystérieux, du non révélé, de la connaissance, de l’absolu. Tout ce qui lui parle intuitivement, hors de la raison pure : l’irrationnel sublimé. Ces notions ont généré une recherche mystique qui le mène aux confins de l’origine du monde, de la religion, de la philosophie et de l’Art pour enfin arriver à l’épure créatrice des vingt dernières années. Ses créations, le plus souvent métaphysiques, puisent leurs sources aux origines de toutes choses et les mandalas, d’essence spirituelle, prouvent l’avancée des recherches de Jean Cuillerat vers un mysticisme qu’il pressent comme un élan nouveau pour ses créations. Ses recherches sur le sens et l’origine des religions l’ont amené à s’intéresser à la Kabbale. L’inspiration Kabbalistique Il était courant qu’il lance en plaisantant Il s’est passé quelque chose vers l’Euphrate! . Alors je cherche Et dans cette dynamique il pratique la kabbale pendant quinze ans pour approcher l’énigme du sens religieux, il étudie l’hébreu pour arriver à cerner par la racine et le poids des mots le sens des Saintes Ecritures. La mystique juive, lui inspire les toiles étonnantes des années 1964 et 1965 commentées lors d’une conférence intitulée « L’Esthétique parallèle de Jean Cuillerat selon la Kabbale » d’Adolphe Grad à l’Institut Métalogique de Paris le 13 novembre 1964. Ses toiles sont présentées lors de l’exposition à la Galerie Gérard Mourgue en décembre 1965. Adolphe Grad dans cette conférence sur la peinture symboliste de Jean Cuillerat, situe exactement son expression picturale dans une évolution qui amène l’artiste à une esthétique parallèle à la religion par les essais de compréhension de ses énigmes. Toutefois, comme chez Mondrian , Jean Cuillerat s’inspire de la philosophie platonicienne et il défend le néoplasticisme aux créations indépendantes de la nature. Cette influence est déterminante pour lui. Nous pouvons l’apprécier plus particulièrement, dans les dialogues qui abordent la problématique de l’Etre et de la cosmogonie du Parménide. Cette influence est notable puisqu’à côté de toiles où se manifeste nettement l’influence kabbalistique, dans des représentations inspirées par la réflexion sur les lettres hébraïques désignant la Divinité, on trouve dans la production de la même époque des peintures suscitées par les idées cosmogoniques de Parménide et de Platon , notamment, une huile sur papier, datée de 1966, qui s’intitule d’ailleurs Lecture de Parménide. L’inspiration bouddhiste A l’instar de l’américain Tobey , Jean Cuillerat est amené, dans sa recherche, à une réflexion sur la spiritualité de l’Extrême-Orient, plus particulièrement sur les diverses tendances spéculatives issues du bouddhisme. Or, le bouddhisme, religion primitivement athée on le sait, débouche en définitive sur une théosophie, et c’est ainsi que nous retrouvons l’analogie avec la quête de Mondrian, déterminée par la fameuse nieuwe werelbeeld (nouvelle image du monde) du théosophe Schoenmaekers. Jean Cuillerat se rapproche du bouddhisme par le truchement de son Art, après avoir contempler les peintures sur soie chinoises et japonaises. Il créé dans cette veine, motivé par les spéculations théosophiques du Mahayana (Grand Véhicule) et du Vajrayana (Véhicule de Diamant) de superbes toiles inspirées du zen auquel il s’est initié. Il s’est instruit de divers ouvrages de vulgarisation, notamment ceux de Suzuki. Ainsi familiarisé à la mystique bouddhique il affine sa conception picturale par l’élaboration du cosmogramme figuré que constitue le mandala. Ici s’impose toutefois une observation capitale : la peinture de Jean Cuillerat est parfaitement accessible à ceux qui ne sont nullement initiés à la kabbale, à la philosophie platonicienne, à la mystique bouddhique à l’hébreu ou au Coran. Ce ne sont que des sources d’inspiration qui alimentent ses créations. En effet, il est très difficile de décrire toutes les périodes de recherches, tant Jean Cuillerat était insatiable et sa soif de connaissance sans limites, qu’elles soient, religieuses, philosophiques ou théosophiques. Ces phases n’ont pas été une succession d’idées mais souvent des aboutissements, concomitants ou dans la continuité et l’épure de la précédente. Jean Cuillerat dans la peinture du XXème siècle Il est flagrant que l’art de Jean Cuillerat, tout comme celui de Mondrian, correspond idéalement à la « nouvelle image du monde »décrite par le théosophe Schoenmaekers. La conception de l’Art acquise par Jean Cuillerat est le résumé de toutes les études plastiques, graphiques et picturales expérimentales depuis le début du XXème siècle et en adéquation avec une esthétique confusément ressentie en tant que synthèse de la « conscience visuelle » du monde contemporain. Il est dans la continuité du grand devancier et chef de file de l’abstraction, dont il s’est largement inspiré : Kandinsky. Cette conscience visuelle, en dépit de tous les filtres culturels et spirituels ingérés, a permis à Jean Cuillerat de produire des uvres originales. Il utilise toute son énergie pour exprimer les résurgences et la perception des racines de son histoire, des religions, de la préhistoire, de l’histoire, de la philosophie, de l’Art et de sa conception personnelle de l’origine du monde. Tous les passages, progressions, apports et choix durant sa vie d’homme et d’artiste ont fait naître une production qui n’a pas échappé à l’appréciation des spécialistes du Centre international d’art contemporain C. C de cette époque. Leur étude permet de situer l’uvre de Jean Cuillerat au niveau national et international. Elle prend en considération l’ensemble de la création de Jean Cuillerat ce qui permet de le situer dans le courant de l’art contemporain du XXème siècle, tant du point de vue artistique que philosophique. Le Centre international d’art contemporain C. C écrit dans les monographies de présentation des peintres un large aperçu de l’évolution de Jean Cuillerat. Cette présentation est reproduite dans sa quasi intégralité afin de mieux comprendre la perception des créations de Jean Cuillerat par le milieu artistique : Quand le cinéaste suédois Ingmar Bergman avoue qu’il a l’ambition d’être « l’un des artistes inconnus qui bâtissent la cathédrale dans la plaine immense », et qu’il ajoute Je veux faire sortir de la pierre une tête de dragon, un ange, un démon, peut-être même un saint. Ce qui compte, c’est le sentiment que j’éprouverai alors. Que je crois ou que je ne crois pas en Dieu, que je sois chrétien ou non, je veux jouer un rôle dans la construction de la cathédrale. Nous pouvons penser aussitôt à Jean Cuillerat, cet autre « artiste inconnu » qui participe au grand dessein, mais dont l’ambition est plus vaste, plus folle encore, puisque chez le peintre il ne s’agit pas simplement de donner une uvre qui soit le reflet de l' »être dans le monde », mais qui soit dévoilement de l’Être. Le Berger de l’Etre « Der Mensch », nous apprend Heidegger , « Iat der Hüter des Seins », où que l’homme soit le berger de l’Etre, tout homme? Peut-être dans la mesure où, comme nous l’indiquait Max Scheler , les questions métaphysiques sont les seules à exiger une réponse de tout être conscient, puisque cette réponse définit et détermine la façon dont l’homme pense et donc vit sa vie. Néanmoins, certains hommes théologiens, philosophes, écrivains, peintres, musiciens sont des « dévoileurs » privilégiés, « éclaireurs de l’être », ils ouvrent la voie, indiquent le chemin ou plus exactement, fixent les points cardinaux permettant à la conscience commune de s’orienter dans le monde par rapport à l’Etre. C’est parmi ces « révélateurs » que se range, comme dans le domaine musical Iannis Xenakis , le peintre Jean Cuillerat. En effet, si l’apport de Jean Cuillerat n’est assurément pas négligeable en ce qui concerne l’approfondissement du langage de la peinture pure, idiome né en 1910 avec la célèbre aquarelle de Kandinsky , et en 1913 avec les premières « compositions » (N° 7, en gris et jaune, dans l’ovale) de Mondrian ; précisé par les théoriciens du groupe De Stijl et du Bauhaus ; enrichi par la poétique de Klee et la gestualité de Pollock ; son originalité n’est pas tant dans une spécificité sémiologique mais plutôt dans la recherche ontologique voire même « ontique »! Au huitième jour de la création Ainsi, Jean Cuillerat n’est plus simplement un « artiste », c’est-à-dire un contrefacteur de la réalité sensorielle, mais, comme l’exprimait la revue encyclopédique « Clefs des connaissances » dans un article qui lui est consacré en 1970 : c’est un « peintre du huitième jour de la Création ». Non, peinture pure, révélation de la réalité de l’Etre et de l' »Etre dans le monde ». Mondrian s’est intéressé toute sa vie durant à la théorie platonicienne des Idées, et qu’en fait, il se proposait de donner de l’idée la représentation bi-dimensionnelle, le « signe » visible. C’est dans le prolongement de cette spéculation philosophico-picturale que se situe très exactement l’art de Jean Cuillerat. « Créer une uvre d’art », disait Kandinsky, « c’est créer un monde », chez Mondrian et Jean Cuillerat, c’est en réalité « continuer à créer le monde ». Cependant, chez cet agnostique déclaré qu’est Jean Cuillerat, la théosophie devient plutôt théologie apophatique, c’est-à-dire refus de désigner, d’enfermer la Réalité Ultime dans un schéma conceptuel. Mais qui dit théologie apophatique dit mystique, et les liens sont évidents entre la démarche de ce peintre de la recherche ontologique d’une part, et d’autre part de l’enquête mystique de Jacob Bochme , de sa réflexion sur l’Ungrund primordial, berceau de toute création et donc de toute liberté. De plus en plus, les toiles de Jean Cuillerat deviendront des cosmogrammes ou des mandalas. La lumière des Upanishad Cet absolu qui polarise en quelque sorte toutes les peintures de Jean Cuillerat, qui leur donne leur sens, leur axe caché, n’a rien de commun avec cette fameuse « nuit » sur laquelle pouvait dauber Hegel , peut-être à juste titre. Non, il est au contraire la lumière, cette « Suprême Lumière » évoquée par des textes sanskrits comme le Maître Upanishad et irradiant depuis de nombreuses années toutes les uvres maîtresses du peintre. Car si l’intérêt de Jean Cuillerat pour les prolongements esthético-cosmogoniques de l’hindouisme, du bouddhisme et du jaïnisme est relativement récent et encore prometteur de riches développements futurs, le facteur métaphysico-religieux aura toujours été déterminant dans son art. Cette constante saute aux yeux dans la rétrospective de Jean Cuillerat présentée au Centre International d’Art Contemporain C. , de même que s’y affirme avec éclat la profonde originalité de ce créateur au sein du nouvel art international issu précisément des recherches de Kandinsky et de Mondrian. Il participe au célèbre Mouvement perpétuel, tant de fois reproduit pour illustrer les apports les plus significatifs et signifiants de la peinture abstraite à la vision contemporaine du monde, par ses tableaux. La Métamorphose, frappante par ses inquiétantes connotations, et les Mondes fous, composition fulgurante où l’esprit humain semble saisi de « crainte et tremblement ». Devant l’ubiquité de l’Etre, l’uvre picturale apparaît ici indiscutablement en tant que cosmogramme, « signe » bi-dimensionnel de la Réalité de l’Etre. La Fenêtre du ciel Dans les toiles récentes, l’appel lumineux se fait de plus en plus pressant et insistant, il communique à l’ensemble de la composition cette sorte de vibration cosmogonique dont l’équivalent musical pourrait se trouver dans Metastasis ou dans les Eontai du Grec Iannis Xenakis, ainsi dans La Fenêtre du ciel et dans Et Dieu créa deux Mondes, mais plus encore dans les toiles directement intitulées Mandalas. On serait presque tenté de dire que le mandala devient ici tanka , et que le simple « signe » se transmue en demeure d’un principe divin, la surface peinte n’étant plus uniquement re-présentation mais véritable réverbération de la Réalité Dernière. Pour terminer le Centre International d’Art Contemporain sous la plume de J. Wolff, juge que la peinture de Jean Cuillerat, à partir du moment où elle a quitté le domaine de la figuration, et après une période d’élaboration d’un idiome non-figuratif spécifique, est devenue le véhicule d’une réflexion sur l’Etre, en d’autres termes la représentation plastique d’une médiation ontologique. On pourra objecter que le propre de la peinture n’est pas de se substituer à la pensée philosophique mais d’enrichir le champ bidimensionnel de la vision humaine. En fait, dès l’origine de la peinture abstraite, c’est-à-dire avec les recherches de Kandinsky et de Mondrian, la théorie de la peinture a été très proche de la réflexion philosophique, voire même religieuse et théosophique. On connaît l’effort constant de Kandinsky pour assurer la primauté du « spirituel dans l’art » ainsi que la préoccupation non moins constante de Mondrian pour traduire en peinture les perceptions du théosophe hollandais Schoenmakers et, d’une façon plus générale, pour donner une représentation plastique qui témoigne des émotions suscitées par les idées cosmogoniques de la théorie platonicienne. Chez Jean Cuillerat, la réflexion philosophique et religieuse connaît des stades successifs dont l’aboutissement actuel est sa rencontre avec la mystique orientale. Avec ténacité il poursuit son apprentissage de peintre, fréquente l’Académie de la Grande Chaumière , est un visiteur assidu de tous les musées, subit les premières influences décisives pour le développement de son art : d’abord Mondrian, Kandinsky, Herbin , plus tard Hartung , Wols , Poliakoff , l’américain Tobey. Jean Cuillerat peut être placé dans la génération de peintres qui, comme Kandisky, Mondrian et Malévitch pour qui le langage non objectif élaboré est devenu le mode d’expression spécifique et exclusif de l’art, en quelque sorte l’idiome sui généris. Dès son passage à une thématique non figurative son art pictural a un souci métaphysique et ontologique constant. Il brosse le champ visuel de ses toiles d’une spéculation philosophique et « méta-religieuse » dont les pôles essentiels et corrélatifs sont d’une part, l’élargissement de l’univers bi-dimensionnel et d’autre part, l’appréhension de la Transcendance. Pour Jean-Pierre Simon, dont il réalise le décor de théâtre pour sa pièce L’Encéphalogramme en 1966, sa peinture est mystique, prière figurée, représentation transcendantale. Elle exprime avec une vigueur et une cohérence formelles et stylistiques qui met Jean Cuillerat au niveau des plus grands créateurs de notre temps. Avec le cosmogramme mystique que constitue le mandala, support de méditation, primitivement conçu par l’art religieux Bouddhique et Hindouiste, Jean Cuillerat, porte son art à sa pleine maturité esthétique en même temps qu’il lui donne sa signification la plus profonde. Ainsi, sans jamais se soucier de ces modes passagères qui si fréquemment dénaturent la peinture occidentale et où l’enfantillage rivalise le plus souvent avec le vulgaire, ce peintre français uvre, tout comme le fondateur et théoricien de la peinture abstraite Vassily Kandinsky, à ajouter avec originalité du « spirituel » dans l’art. Jean Cuillerat cherche en lui et pour lui-même. Ses uvres parlent et à chaque exposition son style si particulier laisse transparaître ses états d’âme. L’EVOLUTION STYLISTIQUE L’évolution stylistique, philosophique et spirituelle de Jean Cuillerat sont conjointes. Les uvres, la revue de presse, les archives personnelles, ainsi que les commentaires et critiques des diverses expositions émanant des galeristes et médias, marqueurs chronologiques de cette évolution, nous permettent d’avoir une vue globale des variations stylistique de l’artiste. Nous ne pouvons pas parler de périodes mais plutôt de glissements successifs qui permettent à l’artiste d’élaborer progressivement son langage plastique. Dès les années 40′, Jean Cuillerat crée essentiellement des uvres figuratives, portraits, paysages et scènes de genre dont il ne reste que très peu d’éléments à ce jour. Puis, à la fin des années 50′, l’abstraction apparaît par des ajouts de figures biomorphiques et prismiques ainsi que des paysages fantastiques. Dès 1956 ses toiles s’enluminent de couleurs claires, d’une grande fraîcheur qui fleurent l’influence de Delaunay, d’Herbin et de Poliakoff. Pourtant la puissante poussée expressive dénote une dynamique qui lui est propre. Son extraordinaire éclat chromatique, qui demeurera une constante dans son art marque d’emblée une individualité artistique très prononcée. Dès l’exposition de Barbizon en 1959 des changements notables dans la facture de Jean Cuillerat apparaissent. Son expression créative est ponctuée par l’ajout de larges surfaces que l’artiste traite avec rigueur. Pendant cette période il passe de la gouache à la peinture à l’huile avec aisance sans fracture dans l’expressionpicturale. Apartirde la fin des années 50 les expositions de Jean Cuillerat sont mentionnées dans les journaux de façon systématique. Les caractéristiques significatives du talent de Jean Cuillerat apparaissent en 1959, suite à la vente d’un tableau pour l’ORTF. L’avocat et esthète Henri Torès à cette occasion, fait des commentaires des plus élogieux : « vigueur et délicatessequi le place dans le forum français de la peinture par une évolution parallèle, il rejoint la pléiade de l’abstrait, avec des tableaux comme Le Monde Hoerbigérien, L’Idole Pascuane, Cronos, l’Alchimiste, Tiahuanaco, Cosmozoaires, Lune Tertiaireil imbrique et superpose des formes larges ou très découpées en des tons vifs, lumineux, rouge, bleu et mélanges sombres ou la musicalité des cadences graphiques des aplats de la couleur aux modulations subtiles dont certaines démarches sont proches de l’abstraction géométrique ». Désormais, ses uvres abstraites retiennent l’intérêt d’un public choisi, toutefois plus restreint que pour sa période figurative où les ventes étaient assurées. En 1960, la Société Nationale des Beaux-Arts du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris donne une appréciation globale pour cette année là : « rythmes et formes d’une grande force plastique avec une palette savoureuse et sobre. Après cette reconnaissance du milieu artistique beaucoup d’autres viendront saluer son talent comme Art Press en août 1961 qui, dans l’article « Graphisme et vitalité » signale l’intérêt de Jean Cuillerat pour l’art nègre, suite à son séjour d’un an en Afrique, où il avait pu apprécier les formes simples et épurées, empruntes des accents primitifs. Il peint des objets rituels, masques et totems interprétés en couleurs et à l’encre et s’adonne à la sculpture dans le même jet. Pendant les années 60’dès sa sortie de l’Ecole des Beaux-arts, d’autres influences ont éclairé ses toiles, dont celles de Cézanne , Villon , Gromaire , dont il partage le « manque de concession ». Il a l’amour de la construction solide, des oppositions très contrastées dans sa production figurative qui réapparaît parfois, comme dans sa série Insectes en 1962 peints en grandeur surnaturelle ainsi que ses paysages pour la Cimaise-Raspail à la même époque. Les tons veloutés sont de préférence des rouge pourpre alliés de diverses nuances de bleu, couleur qui deviendra récurrente dans les uvres de l’artiste jusqu’à la dernière heure. Les toiles figuratives deviennent plus rares et les créations abstraites sont faites d’évocations compartimentées de l’espace, ponctuées d’éclatantes ruptures lumineuses. Il superpose des plans cernés auréolés d’un léger halo, long ruban clair ceinturé de contours noirs qui cloisonnent les formes. C’est l’ensemble des volumes colorés qui équilibre les masses et l’organisation plastique de la toile. Ainsi il réorganise symboliquement le monde dont il tire une série de visions souvent sévères, dictées par l’introspection du moment. C’est cette palette très accordée et chatoyante qui peu à peu donne des réalisations fortement personnalisées. L’influence de Kandinsky se retrouve dans la géométrisation des formes mêlées à de grandes pochades, dont les tons sont vifs comme dans La Dormeuse, Les Natures mortes En 1962, il expose une production abstraite pure, Formes prismiques, issue du même jet esthétique, à la galerie Domec. La même année aux Cimaises de Paris, il présente la toile Nativité, non dégagée du sujet identifiable dans un graphisme énergique, à la touche robuste et épaisse qui démontre à quel point Jean Cuillerat, par l’âpreté des matières bloquées, n’a pas encore abandonné l’épaisseur ni l’empreinte du sujet. A la même époque la géométrisation de l’espace et des références au réel et au supra-réel coexistent et contribuent à élargir son champ formel et chromatique. Pendant cette période Jean Cuillerat ajoute également aux procédés déjà intégrés pour exprimer sa pensée, des modulations vibrantes, des rythmes entrecoupés de plans et de volumes originaux en un réseau de formes dont les éclairages chauds se juxtaposent et laissent filtrer des transparences, sortes de visions translucides proches de celles de Toffoli. Il n’épuise pas le jeu subtil des accords et des correspondances. Il cherche à trouver un équilibre, un souffle interne pour briser les résistances qui donnent accès aux significations spirituelles indicibles. A cette période l’artiste amène un glissement graduel du figuratif à l’abstraction pure et de l’acquisition du vocabulaire stylistique si particulier à ce peintre. Lors de l’exposition de 1963 à la galerie Cimaise à Paris, ses uvres sont d’un maniement large, peu à peu l’empreinte de petits coups de brosse laisse place à des espaces en aplats judicieusement confrontés. Sa quête spirituelle transparaît peu à peu dans ses uvres. Des toiles comme Tronc séculaire, l’Alchimiste, Cronos, Lune Tertiaire, Monstres, montrent que l’empreinte symboliste devient prégnante. Il s’avère que les créations en pleines pâtes peu à peu deviennent plus rares, pour faire place à des aplats légers et fluides quasi translucides qui perdureront jusqu’à la fin de la vie de l’artiste. L’on peut relever dans certaines toiles, notamment les thèmes religieux, « des pointes vers le cruel » qu’il exprime par de larges tranchées colorées comme dans Descente de Croix. Son style s’affine et s’affirme dès l’exposition à la Galerie Gérard Mourgue en 1965 où des thèmes comme Les Egouts, Les Gens d’ailleurs, Les Entrailles, donne d’emblée la maîtrise complète des moyens techniques et du style de Jean Cuillerat. L’artiste s’exprime comme peintre-penseur et donne sa vision métaphysique du monde dans des formes aux accents biomorphiques comme dans sa série de toiles Les Martiens de 1966. Ses coloris sont plus sombres confrontés à d’autres d’une plus grande intensité. Les constructions de moins en moins géométriques sont peu à peu remplacées par des excroissances organiques. L’innovation se situe également au niveau des larges coulées biomorphiques où la peinture est violente, passionnée. Ce qui prédomine désormais c’est la vision intérieure qui communique des accents essentiellement tragiques, d’un sombre pessimisme où perce néanmoins la lumière fulgurante d’une Réalité Ultime, salvatrice, sollicitée avec une sorte de rage désespérée. Son imaginaire converge vers une pensée ultime : les origines de l’univers, des religions et de l’Art. Pour s’exprimer il passe successivement par des thèmes et grands symboles les plus divers pour parvenir à révéler sa quête comme les totems, la rose, les mandalas, les ufs, les motifs schématiques mais aussi des thèmes plus prosaïques comme les égouts. Son évolution stylistique est alimentée par des recherches spirituelles constantes et chaque nouvelle période coïncide et traduit une approche spirituelle différente. L’évolution de l’expression picturale de Jean Cuillerat est concomitante de cette quête permanente qui sera désormais une invariante jusqu’à la fin de sa vie. Il cherche inlassablement à travers l’Art : la naissance de toute chose. Comme le signifiait le célèbre kabbaliste Adolphe Grad, Jean Cuillerat est parti « de l’arpentage géométrique de notre planète comme un précurseur de monades néogénétiques appareillant d’une humanité au plus secret littéral des prophéties ». Ses uvres de 1965 se trouvent alors aux prises avec des visions fantastiques, tantôt traversées de coulées laissant passer des doigts onglés qui s’agrippent à la toile. Ses uvres se déclinent parfois dans d’étranges verdures ou de tons chauds puis la domination des bleus et des gris à la poursuite d’une énonciation assurément indicible. Alors, Jean Cuillerat pour exprimer l’indescriptible s’éprend des poèmes de Serge Wellens en 1965 dont on retrouve les stigmates dans ses uvres et on comprend qu’effectivement « Les dieux existent » et que leur langage nous griffe… Les tableaux qui se réfèrent aux textes de Serge Wellens sont exposés à la galerie Gérard Mourgue en 1965. La toile Les Dieux existent, exprime les traces de l’immanence et la poursuite de sa quête spirituelle. Lors d’une exposition collective sur le thème « Les Enfers » en 1967 à la Galerie du Bastion Saint-André à Antibes, parmi les créations présentées réunissant celles de Hans Belimer, Heimut Leherb, Figas le tableau Le Christ en croix de Jean Cuillerat est confisqué par les autorités l’expression de sa spiritualité dans un idiome figuratif n’a pas l’honneur d’être appréciée alors que sa toile L’Ange exterminateur s’expose Alain Fleischer critique d’art, commente dans « Clefs des connaissances » en 1967 Les Martiens de Jean Cuillerat : « les personnages de Jean Cuillerat ne sont des martiens que pour les gosses ou les simples d’esprit. Rien, dans les situations où ils se trouvent placés, ni dans l’émotion qu’ils suscitent, ne permet de les rapprocher de la faune des bandes dessinées de science-fiction. Tout au contraire, on peut les identifier à une humanité très réelle, aux prises avec sa misère, ses besoins et ses contradictions, se débattant au sein d’une société dont les structures les plus primaires sont la recherche du plaisir et de la cruauté. La peinture de Jean Cuillerat se fait de plus en plus existentielle et nous révèle, avec une extraordinaire intensité dramatique, ce que Heidegger, appelle la « liberté pour la mort ». Les rites et les pratiques des personnages de Jean Cuillerat n’ont rien d’extraterrestre ni même de barbare. Nous sommes conviés à une fête où nous reconnaissons aussitôt la transposition de nos fêtes intérieures les plus somptueuses et aussi les plus angoissantes. Ce qui est important par-dessus tout, chez Jean Cuillerat, c’est qu’il ne s’attache jamais à la peinture de personnages précis et solitaires, enrobés dans un cabotinage égocentrique, mais à celle d’une société faite d’individus sans personnalité particulière. Tout au plus comporte-t-elle quelques vedettes involontaires aux rapports sensibles qui lient les êtres entre eux en un système qui tourne à l’enfer, rapports qui peuvent être : l’érotisme collectif (certaines fêtes à caractère sexuel prennent souvent le double aspect d’une orgie dionysiaque et d’une parthénogenèse observée en laboratoire), la cruauté (particulièrement évidente dans les rappels à l’histoire chrétienne), la guerre, le travail. Un inventaire est dressé des activités capitales d’une humanité déchirée, irréconciliable avec elle-même, condamnée d’avance par une faute très lointaine mais constamment présente chez chaque individu, aussi insignifiant soit-il. Si Jean Cuillerat a choisi de créer sa propre troupe de marionnettes pour mettre en scène la tragédie de l’Homme c’est, non pas par désir d’originalité mais par un souci de pudeur et pour aller droit à l’essentiel en éliminant l’inévitable anecdote et la subjectivité qu’aurait entraîné la représentation d’êtres humains à morphologie normale. Jean Cuillerat est un grand metteur en scène. Sous une apparence fictive consentie, de même nature que la convention théâtrale, il dirige ses personnages dans un style d’un dépouillement étonnant. Il mène ses marionnettes à la guerre, au festin, au supplice ou au plaisir et il fait d’elles les supports de tout un poids d’humanité et d’émotion qu’elles assument d’une façon d’autant plus touchante qu’elles n’ont intentionnellement pas le physique de l’emploi. Ces rôles de composition qu’elles interprètent, nous permettent de nous sentir à la fois intimement concernés et libres de juger objectivement. » Si, par exemple, poursuit Alain Fleischer « il n’y a jamais de végétation dans les décors de Jean Cuillerat, ce n’est pas qu’il ne saurait pas la représenter ou qu’il cherche à créer un paysage insolite. C’est qu’il n’en a pas besoin pour dire ce qu’il a à dire. Si la plupart des tableaux de Jean Cuillerat comportent une certaine teinte de bleu, ce n’est pas par une incapacité d’utiliser d’autres couleurs (il le fait parfois) mais parce qu’il tient à souligner que tous ses tableaux participent d’une même fresque. Mais aussi et surtout parce qu’elle est la couleur de la spiritualité de l’azur, du ciel et de l’ailleurs. Chaque tableau éclate en dehors des limites du châssis et tend la main à son voisin. Il est impossible de dire « quand on en a vu un on les a vus tous » alors qu’il est concevable d’éprouver que si on en possédait un, on voudrait les posséder tous. C’est que les actions qui se jouent en ces multiples tableaux participent d’un même drame, c’est que ces tableaux sont une fresque unique et grave au sein d’un art contemporain si désastreusement coupé des véritables problèmes humains et si souvent séduit par la plus stérile gratuité. » Le panégyrique d’Alain Fleischer donne d’emblée l’aboutissement et la finitude des créations de Jean Cuillerat. La complexité extrême de la spiritualité de l’artiste devient une lecture de l’âme et une épure qui s’inscrit dans un constant devenir. L’expression de Jean Cuillerat s’est beaucoup inspirée de la poésie qui insuffle à ses oeuvres une capacité à créer et révéler la totalité humaine : l’une révèle ou éveille l’autre. C’est dans cette mouvance que Jean Cuillerat a conçu spécialement pour le recueil de poèmes « Méduses » de Serge Wellens en 1967, vingt eaux fortes constituées de courbes et de lignes sinueuses tels des écheveaux et entrelacs de fils et de cernes qui serpentent pour nouer l’uvre de toutes parts. Extrait de « Méduses » : « Il y a longtemps que les sirènes se taisent, que la machine ne tourne plus. Les mots font grève. C’est comme si le sable avait bu la mer. Ulysse soigne ses rhumatismes au coin du feu. Le large c’est la nuit. Le large a pris le deuil. » Jean Cuillerat fait la rencontre d’un autre poète, René Barbier , dans une librairie du 20ème dans les années 60’où des peintres, des poètes dans l’esprit de l’Ecole de Rochefort et des musiciens se retrouvent pour des séances informelles autour d’une même recherche créative. René Barbier apprécie l’artiste et le situe dans un courant mystique universel d’une grande profondeur. Il ressent les créations de Jean Cuillerat comme une représentation du monde et du fond des choses. Pour cela il fait appel à une connaissance ésotérique. La Franc maçonnerie lui a permis une réflexion plus profonde faite de méditation et d’une grande introspection spirituelle laïque à propos de l’être. René Barbier écrit en 1965 Golem, édité en 1970, sous l’influence de Guillevic qui a fait l’objet d’une toile Golem de Mort en 1965. Ce recueil de poèmes lui permet d’exprimer les forces obscures et la part d’ombre qui habitent chacun d’entre nous. Jean Cuillerat a illustré de 32 dessins originaux ce recueil où ses encres sur papier sont incisives où les traits s’entrelacent, s’éloignent ou se recentrent vers le cur de sa représentation de l’homme souffrant. L’enchevêtrement du tracé signale les différents aspects du dessin épi centriste ainsi que les ombres et lumières de ses uvres. Ses illustrations ont toutes les formes plastiques, souvent cubistes ponctuées de formes ovoïdes qui adoucissent les traits infracteurs de la création. Extrait du recueil : « Golem mit tout son art, pour vaincre un rire de femme, à l’aube il réussit, et la femme retrouvée, le corps mangé, le cur aussi » Les Lettres Françaises en mai 1970, lors de l’exposition à la Galerie Pierre Domec, mettent l’accent sur la peinture abstraite des années 60’de Jean Cuillerat : « Elle est quasi philosophique, illustre certaines théories sur la fin ou sur la naissance du monde. Les rouges et les bleus jouent le rôle principal, Jean Cuillerat présente des uvres plastiquement belles, parfois d’une signification profonde non seulement par leur titre : Orage cosmique, Cosmos, Gestation, Lune Tertiaire, Orage Magnétique, Point Oméga, Tronc d’Arbre, Crucifixion, Erotiques » mais aussi par la facture au langage châtié. D’après Jean Cuillerat tout ce qui nous entoure est construit en droites ou en courbes. Pourtant sa peinture est très éloignée de l’abstraction géométrique, elle est souvent elliptique et le plus souvent lyrique. L’exposition à la Galerie Jacques Casanova dirigée par Lia Grambihler pourtant présente des uvres récentes d’un langage encore beaucoup moins violent et tourmenté. Il y a dans ses uvres un retour aux ordonnances géométriques qui se laisse déjà pressentir. La plupart des toiles sont à dominante bleue, et, si on y perçoit toujours cette amère lucidité existentielle que Miguel de Unamuno appelait Le sentiment tragique de la vie, l’espoir et l’amorce d’une sérénité âprement reconquise sur les vicissitudes de la condition humaine y sont néanmoins présents. L’artiste tend vers une peinture-vision de plus en plus abstraite de toute matérialité. La main de l’artiste disparaît tant la torche est fine et imperceptible, et la surface peinte devient le pur reflet d’une intériorité. Le propos de Jean Cuillerat est manifeste : véhiculer de la façon la plus transparente, immatérielle presque, son expérience de la Transcendance. Toute la période des années 60’incarne cette mouture transcendantale avec des êtres extraterrestres, des formes biomorphiques et des enchevêtrements translucides qui coexistaient déjà dans la période précédente. Certaines créations non libérées de la figuration se chevauchent avec la période suivante, et ce dès 1974, celle des superbes mandalas dont la fluidité et la limpidité donnent le meilleur de l’expression spirituelle tant recherchée par Jean Cuillerat. Dans cette évolution stylistique liée à la transcendance l’article publié dans Clefs de la connaissance de 1967, dont voici quelques extraits : « Chez Jean Cuillerat cette « façon d’être », comme le disait Jackson Pollock l’initiateur de l’Action Painting, est en même temps un « éclairage de l’être ». Sa peinture a été qualifiée de mystique, d’ésotérique. En fait, elle est essentiellement métaphysique de façon plus précise ontologique. Sur des toiles de cette période, dont certaines se trouvent dans des collections privées, des formes tournoient sur un fond d’infini qui évoquent irrésistiblement certaines images cosmologiques du Timée de Platon. C’est d’ailleurs à l’art d’un autre grec, de notre temps celui-là, que l’on pourrait comparer les compositions picturales de Jean Cuillerat : à la musique de Iannis Xenakis qui dit que l’âme est un dieu déchu. Seule l’ek-stasis (sortie de soi) peut révéler sa nature vraie. Il faut échapper à la Roue de la Naissance (réincarnations) par des purifications (katharmoi) et des sacrements (orghia), instruments de l’ekstasis. A la musique et à la médecine conçues comme katharmoi, Xenakis surtout celui des Eonta (étants) aurait dû ajouter la peinture, du moins telle que l’entendent Jean Cuillerat et quelques autres grands artistes de notre temps. » Depuis l’exposition à la galerie Pierre Domec en 1963, l’auteur et créateur du Mouvement perpétuel , qui suit sa logique artistique est en possession de tous ses moyens d’expression plastique. Formellement il est un abstrait qui intègre parfois dans son art des éléments proto-figuratifs qui prennent valeur de symboles issus de l’inconscient collectif. Dans une série de toiles exposées à Antibes en 1967, ces éléments proto-figuratifs commandent l’ensemble de la composition étant dominée par une troupe de personnages fantastiques en qui une critique superficielle a voulu voir des réminiscences de science-fiction. Mais c’est « tout au contraire (il) les identifie à une humanité très réelle, aux prises avec sa misère » Jean Cuillerat, comme l’auteur de ces propos nous l’indique, poursuit l’uvre créatrice originelle qui donne au monde sensible et intelligible une nouvelle dimension. Car pour le créateur l’authentique uvre picturale est un « dévoilement de l’être ». Il n’a pas de recours au poncif, au procédé, à la recette, ce doit être de la création pure. L’expression de ses recherches sont traduites par des toiles et dessins reflétant l’embryon humanoïde, l’être inachevé, quasi artificiel, l’informe qui illustre si bien le recueil du bien nommé Golem du poète René Barbier. Parmi les uvres les plus étonnantes et intéressantes du début des années 70’qui transcendent l’imagination populaire et mystique, sont Le Bâton de Moïse, L’il de Cain , Le Sang d’Abel, Biocosmose mais aussi la terrible Métamorphose, inspirée par le récit de Kafka. Les critiques découvrent le vertigineux mariage de l’art et de la mystique par une stylisation aux limites du surréalisme. Il s’embrase tantôt pour les écrits bibliques ou contemporains, ou pour des poètes comme Serge Wellens ou pour des êtres aux formes mi-animales, mi-végétales Composition charnelle Toutes ses fulgurances s’inscrivent dans les affres de la complexité humaine. Chez Jean Cuillerat la spiritualité se manifeste avec violence dans l’empreinte personnelle du Griffeur de temps. Il s’inscrit entre mystique et poésie qui transgressent les flétrissures de l’imagination. Pour Jean Cuillerat c’est par ces productions que passe la rémanence viscérale d’un monde d’humeurs qui peut être aussi bien exprimé par le monde végétal que le minéral ou le cosmos, dans des préhensions actives comme dans Planète Bleue, L’Atomiste Ses tableaux peuplés d’éléments biomorphiques et d’êtres étrangers à notre monde, laissent place à une peinture habitée par une spiritualité épurée de toutes scories. Ses créations sont des approfondissements multiples sur sa perception des mystères de la création, du sens religieux, de l’origine de toutes naissances et de toutes les ouvertures sur le monde… L’aboutissement et l’apogée de ses recherches en sont les Mandalas à partir de 1974, en tant que représentation du centre du monde et des origines et ce à chaque naissance d’un nouveau mandala mais aussi dans la naissance de l’être dans sa série sur l’uf, le magma et l’informe dans les motifs schématiques Il affirme aussi tous les emprisonnements de la pensée, de la spiritualité, de la religion et des divers rituels, dans des totems ou son christ tant décriéIl était avare de mots, seules ses créations affirment ses pensées mystiques par une spiritualité spontanée. Le Centre International d’Art Contemporain (CIAC) présente les nouvelles uvres de Jean Cuillerat issues de cette évolution, lors d’une grande exposition personnelle à l’Espace Ford en 1974 puis en 1975 à l’Hôtel Méridien. Ses uvres fortes, issues de cette production intermédiaire avant l’acte final, comme Le Berceau de Vénus, La Fenêtre du Ciel, Trois Pages sombre de l’Histoire, Et Dieu créa deux Mondes, Les Cloportes, La Porte des Jours à venir, Les Runes ouvre une transmutation stylistique et chromatique qui va vers une rigueur de plus en plus intransigeante avec une parfaite adéquation du contenant et du contenu. Tout cela aboutit, très logiquement, par un développement en quelque sorte organique, à ces « supports de méditation », ces « prières conceptuelles » que sont les mandalas dès 1974 et ce jusqu’à la fin de sa vie. Par essence, ce motif figuratif est à l’origine un support de méditation, un diagramme géométrique formé de couleurs symboliques et d’enceintes concentriques qui représentent la définition stricte de l’univers. Jean Cuillerat renouvelle et redimensionne les figures du mandala de moult façons adaptée à sa sensibilité spirituelle. Celle-ci lui inspire sur ce seul et même sujet à chaque nouvelle création, des courbes et des formes qui rejoignent le but constant de ses recherches : l’origine du monde. Chacune de ces figures recrée une spiritualité, unique mais parcellaire d’un tout. L’inspiration créatrice de cette période est féconde et l’exécution transfigurée des mandalas est d’une très grande richesse. A cette période les croquis sont d’un ordonnancement strict : tout est géométrique et la sphère n’est que symbolique. Les chromatismes sont violemment contrastés et différenciés. Nous pouvons souvent observer une couleur primaire adjointe à une complémentaire diluées dans de savantes superpositions et conjonctions de plans qui créent des perspectives brisées ou multipliées par diffraction de « géométries impossibles ». Ces déchirures de temps, ces failles dans l’espace qui s’ouvrent vers l’in-fini, sont le cur et le sens même du mandala sur un commencement de perception de la Réalité Ultime, quête obsessionnelle à laquelle ce peintre semble définitivement voué. C’est également le début et l’aboutissement de toutes ses recherches : la transcendance. Il publie également en 1974 un recueil de poésie « Piano d’orage » dont la préface est écrite par Jean-Pierre Simon. Ce dernier dit de sa peinture que « Jean Cuillerat a su rester fidèle à son idéal de peintre créateur. Alors que déferle sur l’Europe la vague du photo-réalisme américain baptisé hyperréalisme pour la circonstance, Cuillerat persévère dans son effort presque suicidaire pour donner de la Réalité de l’Etre une vision bi-dimensionnelle, pour capter sur la toile la Suprême Lumière. » Un de ses poèmes qui signifie son éternité : J’étais mort hier, que serai-je demain, aujourd’hui je ne suis rien, quémandant mon Graal ruisseau qui lentement, débite son pourquoi? Cette période riche et variée exprime avec force sa recherche perpétuelle, par une peinture mêlée d’encore plus de spiritualité et de cosmologie comme ses uvres l’expriment : Les deux équinoxes, Soleil en prison, Lune en prison, Monde lunaire, Etoile de mer, Cosmos, Gestation, Point oméga, Les Runes, Les portes de l’Univers, Les Murs de l’Univers, Constellation sagittaire ainsi que de nombreux Mandala, Autoportrait et portrait d’amis comme celui de Jean-Claude Fureau. Il y a dans les années 70’et 80’certains retours à la nature avec des toiles comme Paysage bleu, Arbre disloqué, Monolithe fendillé il produit aussi une uvre à la fête du meuble peint dans les années 80’au Faubourg Saint-Antoine sous le patronage de l’Académie Nationale des Arts de la Rue, avec une cinquantaine de peintres, dont Toffoli, Vasarely ainsi que son ami depuis lors et jusqu’à la dernière heure Jean-Claude Fureau. Jean Cuillerat expose une armoire où les quatre portes sont peintes dans tous les tons de bleus qui deviennent omniprésents dans ses oeuvres. A partir de 1980 Jean Cuillerat abandonne peu à peu l’huile sur toile, sa technique de prédilection. Jusqu’alors, pour retrouver la plume de ses débuts pour des dessins à l’encre de Chine et sépia. Il continue toutefois à effectuer des huiles sur papier et cela jusqu’à la fin de sa vie en 1998. La quête constante qui l’habite depuis toujours est d’approcher par la création le mystérieux, le non révélé et la connaissance. Ces notions récurrentes ont généré une recherche mystique qui le guide à la fin de sa vie vers une épure, une traduction toute personnelle des confins de l’origine du monde. Cette quête fait éclore sous les doigts de l’artiste, outre les mandalas, des toiles en séries sur des thèmes symbolistes comme l’uf. Ce symbole universel contient en germe la manifestation de la naissance du monde sous bien des aspects. Jean Cuillerat l’explore dans toutes les positions et dans tous ses états, du premier craquellement à l’éclosion jusqu’à l’éclatement, pour suggérer une création métaphysique de l’origine du monde. Puis dans le même esprit, il traverse les différentes approches sur la naissance, ainsi que le mystère des religions en grandes envolées lyriques. C’est ainsi que naissent ses créations les nefs folles et la floraison des roses mystiques qui symbolisent la coupe de vie, l’âme, le cur, l’amour déclinées à la plume, fines et hiératiquesdu bouton qui n’a pas encore donné l’amplitude de la fleur à l’éclosion et sa quintessence Il en a dessiné douze. Les douze mois de l’année ou douze mois du mouvement de la vie. Ses dernières créations artistiques rejoignent son idéal, sur la connaissance de toutes les origines, de la naissance, des grands symboles universels, de la philosophie, de la spiritualité dont les divers mandalas, d’essence spirituelle représentent la synthèse. La dernière décennie est une apothéose de thèmes les plus divers avec ses Herbiers, Totem, Remparts de l’aube, Nature morte et toujours les grands symboles universels comme les ufs, Yin et Yang, Nouvelle Jérusalem, Tables de prières, Roses, Mandala L’ensemble de la production artistique de Jean Cuillerat est une lente maturation esthétique parallèle à sa spiritualité en tant que peintre penseur qui essaie à chaque nouvelle création de s’approcher d’une certaine vision de la Réalité Ultime. Et comme l’exprime si bien François-Marc Gagnon, il y a dans les uvres de Jean Cuillerat « de quoi faire taire le bruit extérieur pour écouter la voix intérieure rien n’est plus silencieux qu’un tableau(afin) qu’il conduise au silence et au questionnementSi l’on veut les faire parleren les commentant, ce ne peut-être qu’une façon métaphorique de s’exprimer » Annie Cuillerat Diplômée en histoire de l’art. L’item « JEAN CUILLERAT (1927/1998) Huile sur papier marouflé sur toile signée » est en vente depuis le lundi 30 décembre 2019. Il est dans la catégorie « Art, antiquités\Art du XXe, contemporain\Peintures ». Le vendeur est « lmpphr » et est localisé à/en CHATILLON. Cet article peut être livré partout dans le monde.
- Type: Huile
- Caractéristiques: Signé
- Genre: Abstrait
- Période: XXème et contemporain